Tuesday, June 03, 2003

L'armée des larmes

L’armée des larmes s’arme contre les larmes goûtues, car le goût de sel que ces larmes laissent scelle le bout de ma langue qui languit de ne pouvoir se laisser aller à sa douceur.
Douceur de ces cils qui, comme la langue à son bout, ne peut venir à bout de ce tabou qu’est le goût de sel de ces larmes asséchées.
Ces larme si pleines et emplies de vie ne sont, après la salaison, que pleines de cris ou vides de vie, car les cris débordant de vie poussent la vie dans le vide insensé en criant l’hymne de l’armée des larmes dans l’immensité de l’infini.
Etre projeté dans l’infini de l’immensité après avoir été immensité dans l’infini peut correspondre au supplice chinois qui, à compte goutte, goûte le goutte-à-goutte des larmes perlantes qui ruissellent en une fine cascade dans la mousse quittant pour un instant la morosité sucrée d’un pissenlit amer.
Ah mère ! Amère de tes larmes et de ton visage, je ne puis qu’emplir mes pauvres oreilles des accords parfaits de cette musique lancinante si enivrante, calquée sur la beauté des vers et des mots de Verlaine et de Proust trempant ses madeleines dans le vert de ses larmes alléchantes. Ah ! Si seulement il pouvait voir l’acidité de ses larmes qui ternissent à la vêprée l’éclat de ces pissenlits mordorés.

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