Thursday, October 09, 2008

Ciel brouillé

Voilà une bonne semaine que je suis arrivée en Irlande. J’adore ce pays et ne me lasse pas de me perdre dans ce ciel brouillé. Les nuages sont d’une telle consistance. Ici, on se sent vivre au gré du vent. Le paysage qui défile touche au cœur même de notre être.
Comment décrire ces monts de verdure qui ceinturent l’horizon et qui, de temps en temps, sont cernés de brume. Sur ces collines aux pentes douces se découpent des formes géométriques. Un patchwork d’arbres, de prairie et de forêt. Les nuances de vert saturent le regard et contrastent merveilleusement avec le gris des nuages. J’ai rarement vu de ciel aussi sublime. Chaque minute est un poème à lui tout seul. Il suffit de lever la tête pour apercevoir un miroir sans fin de soi-même. Ici, une toile aux contours flous sur lequel se détache en relief, en gris plus prononcé, des formes rêches, rondes et évocatrices.
Je marche le long de l’artère principale. Et puis n’en pouvant plus, mes yeux retrouvent encore ce ciel inlassable. La clarté de la nuit ajoute une nuance atmosphérique nouvelle, presque surréelle. Tous les nuages se retrouvent encore plus en relief. Dans les nombreux interstices, une lumière magnifique jaillit et coule sur le sol. Pourquoi est-ce toujours aussi semblable et si différent ? Le paysage défile et m’emplit.
Le temps ici n’est pas le même, les jours sont pleins - un temps pesant aux heures s’écoulant doucement - et pourtant tout est pur et léger, à l’image de cette pluie.
Elle aussi est un personnage féerique. Petit coup d’œil à la fenêtre, le soleil semble avoir pris possession du ciel. Alors on descend, décidé. Puis, au détour d’un regard aux fleurs multicolores de Marion on se rend compte que le soleil a en fait cédé sa place. On peine même à croire à son existence quelques minutes auparavant. Mais c’est une pluie douce, folâtre qui nous accompagne. Joyeuse, elle rafraîchit et fait rejaillir la beauté de ces gouttes finement ciselées qui se déposent sur ces fleurs et la végétation. Le sol semble détrempé mais notre être demeure toujours au sec. Elle joue sur les contrastes du vert et du rouge, du gris tirant sur le blanc au gris colérique.
La route avance et la pièce qui se joue devant moi s’accomplit. Aux rectangles et autres carrés, répondent les cimes arrondis des collines.
Puis, ici et là, des maisons aux couleurs diverses et variées nous rappellent notre présence. Les échoppes portent fièrement leurs enseignes. Chacune sa couleur, ses lettres de feu.

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