Sunday, December 07, 2003

La vie érotique d'une grenouille


Le vent souffle et fait tourbillonner les feuilles multicolores de l’automne. Le sol poussiéreux s’élève en volutes et les filles se tiennent les jupes sur les bouches d’aérations. Les joues sont rouges et fraîches, les mains bien au creux des poches se réchauffent entre les trophées qui s’y trouvent déjà.
Vitrine alléchante sur la droite et la démarche si cadencée se fait maintenant plus hésitante et mes pas, comme malgré moi, m’amènent devant cette porte où la chaleur des hommes s’échappe par le pas de la porte. Petit tintement, la porte s’ouvre et trois manteaux capuchonnés sortent, me laissant la voie libre pour entrer.
Assise devant cette table lisse et froide avec pour compagnie ce cendrier vide qui en avait connu d’autres. Mais le voilà rejoint par une tasse fumante de ce chocolat velouté. L’odeur sucrée de ce bonheur emplit mes narines et me réchauffe le cœur. Brouhaha confus autour de moi, de paroles indistinctes et de couleurs floues. Me voici perdue dans mes pensées en folie, mon esprit s’égarant dans les tréfonds de mon intellect, rhabillant pêle-mêle un devoir de philo et une soirée inconnue. Les yeux se rouvrent, les papilles se délectent et l’heure sonne. Sur pied je quitte ce havre de chaleur et de multitude. Me voilà une, me voilà rien, me voilà moi, tout un chacun. Chemin faisant, j’eus l’occasion de croiser une pièce bronzée délaissée, une Clémentine perdue et un papier énamouré. Le soleil frissonne et laisse échapper un soupir de myriades de couleurs.
Je pousse la porte en chêne et entre dans ce folâtre appartement. Deux voix enchantées viennent m’accueillir en se lovant au creux de mes oreilles. Et ce sont ainsi six pieds joyeux
qui se dirigent vers la chicha. De même sont tirés de leur repos et tabac et charbon. Salon, canapé, fumée.
23h et la nuit splendide nous appelle. Métamorphosées en originales oxiennes nous voilà dehors via Louxor. Le complet est réuni. Les beedies sont de sortie et appellent d’une voix luxuriante leurs grandes sœurs déjà bien accompagnées de leurs amies liquéfiées… On se fraye un étroit chemin au travers de cette fine pluie humaine. Bises en folie et sourire pétillant, en voilà un équivoque. Que sais-je ? Qui suis-je ? Que fais-je ? Où vais-je ? Y vais-je ? Pris la main au verre, il me voit, je ne le vois plus, il était là, il est ici… Voix grave et envoûtante ainsi que paroles légères. J’hésite, j’y vais mais je suis retenue par un je-ne-sais-quoi de pensées incongrues. Trop tard, l’homme est erratique… C’en est fait de mon choucas, il s’enfuit, larmoyant.
Réveil salé et embrumé, l’homme est là… mais accompagné… Youpi pour elle et (tant pis pour moi) pourtant il est là, là près de moi et me rend nerveuse. Il aura pourtant beau s’approcher, un pas en avant pour lui, c’est trois pas en arrière pour moi… Jusqu’à ce que, n’en pouvons plus, je me décide de mettre fin aux distances qui me consument de l’intérieur.
Alors je suis là, pleine d’envie et de vie mais vide de sens ou de chance ? Alors les yeux barbouillés, les pensées en feu et le corps froid, je m’arrête là, mon âme en proie au désarroi,
Désir versatile, je t’abhore...

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